Un homme dans sa chambre d’hôpital. Récit d’une hallucination publique, plan de coupe de la schizophrénie de l’individu dans la société de consommation.
Un homme se tient, vivant, devant les spectateurs, il leur sourit, les regarde et se laisse regarder.
Deux carrés roses derrière lui, écrans flous qui reflètent, qui diffusent d’autres présences. Un carré posé, tombé à terre. Il prend sa voix et se relaie lui-même, se laisse prendre ses paroles par deux autres, altérités intérieures féminines portées là, vivantes aussi, debout à côté, en dedans, en regard de lui.
Un homme dans sa chambre d’hôpital. Et des présences qui lui apparaissent, sorties de lui, du lavabo, de sous le placard, de sa Playstation : son docteur, sa sœur, son banquier, des fonctionnaires de l’ANPE, Martine Aubry, ses exs, Bill Clinton, d’anciens employeurs, sa mère, des milliers de petits Obélix…
Avec ses multiplicités de voix et de présences, portées par trois acteurs, kapital_ manifeste de l’avenir schizophrénique total.
Une monstration absurde de nos solitudes accompagnées, télévisées, publicisées, politisées.
Un monologue à trois voix, témoignage fictif, fou et halluciné d’une existence bafouée, piétinée par l’organisation du monde.
Une mise en italique de l’humanité dans toute sa simplicité, dans toute sa fragilité.
Du temps d’interférence de regards.
[…] De dehors, à travers les vitres de la fenêtre, montait une rumeur de cris d’agonie. dans le flot de lumière pale dansaient les ombres faméliques de voyageurs exsangues. A coté, des hommes armées de tiges de bambou remontaient en hurlant des corridors de chairs carbonisées. Un type juché sur un tank disait la météo à une foule en loques entassée sur des auto-tamponneuses. Des corps pendaient a des paniers de basket près d’une autoroute. […]
Kapital de Christophe d’Hallivillée est publié aux éditions sens&tonka