Une femme se tient debout devant les spectateurs, elle leur sourit, les regarde et se laisse regarder. Un carré rose derrière elle, écran flou qui reflète, qui diffuse le regard d’une autre. Elle porte, habillée pour l’occasion, une robe plurale, asymétrique, créée à partir de fragments de costumes familiers; immaculée, décolorée, un camaïeu de blancs vierges de ce qu’on peut y projeter. Elle prend sa voix et puis celle d’autres, présentateur d’un hypothétique talk-show, manager, employeur… Elle se syncope, se découpe, s’ouvre à ceux qui sont devant elle…
(Moi), figure de désillusion, figure d’espoir, égarée partout, en vous. Abîmée sans cesse. Dans la neige électronique avec la machine qui vient est le descriptif d’une disparition. D’un refus du divertissement garanti, du minimum de survie. Par épuisement, par choix. Comme soudain cheminer à contre-sens dans les couloirs du métro, perdue, ne voyant du monde que l’envers de ses signalétiques. Oubliée. Le sens s’efface. Parmi les encarts d’infos, les distributeurs de publicité. Repérant tous les parcours, ci et là les raccourcis, chemins sans issue, toujours perdue. Passent. Les gens passent. Autour. Des itinéraires qui se superposent, se dessinent, schémas du quotidien, le sien, le mien, traces au sol. Conduits, circuits, sens balisés, sens balisés, sens balisés, multiplexés, dirigés, fléchés, cadrés, maximisés. (Moi) Madame H : Divergence sans lieu, épuisée dans l’envers signalétique.
[…] J’avais pensé devenir un être normal
Normal comme vous l’entendez
C’est-à-dire dingue
Propre
Souriante
Blanche
Je me suis perdue dans votre néant
Dans vos images
Vos hypermarchés, vos métros, vos contrats de qualification, vos administrations, vos circuits, vos paraboles, vos primes
Ici même
Plus de mots
Plus personne
Un désert électronique
En temps réel
Ici même
Le sourire aux lèvres
A 7 300 francs par mois
Folle à lier […]
Dans la neige électronique avec la machine qui vient de Christophe d’Hallivillée est publié aux éditions sens&tonka
Une femme, seule. un instantané de la société de consommation, un appel au secours mis en scène comme un souvenir de vacances.